Une journée de travail typique est déjà suffisamment longue, et les nouvelles technologies les étendent encore un peu plus.
Quand vous arrivez enfin chez vous après une journée de travail bien remplie, votre téléphone professionnel se met à sonner et les mails tombent les uns après les autres dans votre boîte de réception ; tous provenant de personnes qui s’attendent à recevoir des réponses immédiates.
Alors que la plupart d’entre nous affirmons que nous coupons et déconnectons tout appareil et tout lien une fois rentrés, de récentes études* montrent que plus de 50% d’entre nous vérifions encore nos boîtes mails professionnelles avant et après les heures de bureau, les week-ends, et même en arrêt maladie. Pire, plus de 44% contrôlent leurs boîtes mails professionnelles alors qu’ils se trouvent en vacances.
Une autre étude** démontre les effets dévastateurs de cette connexion. Elle révèle que les réponses attendues, induites par ces e-mails reçus en dehors des heures de travail produisent un stress prolongé, que les chercheurs ont appelé téléstress. Avec le téléstress vous n’êtes jamais vraiment en position de vous déconnecter du travail, ni jamais capable de vous relâcher.
Cet état de stress prolongé est terriblement néfaste à votre santé. En plus d’augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, de dépression, d’obésité, et de burn-out, le stress réduit vos capacités cognitives. Nous avons donc besoin d’établir des frontières entre nos vies professionnelles et personnelles. Quand nous ne parvenons pas à le faire, notre santé, notre travail lui-même, et notre vie personnelle en souffrent.
Et les réponses aux e-mails en dehors des heures de travail ne sont pas les seuls champs auxquelles nous devons imposer des frontières. Vous devez établir la distinction claire et précise de ce qui revient à votre employeur, et ce qui vous revient à vous et vous seul. Les points qui suivent vous appartiennent. Et si vous ne dessinez pas de frontières autour d’elles et n’apprenez pas à dire non à votre boss, vous êtes en train d’abandonner quelque chose d’une valeur incommensurable.
Votre santé. C’est très difficile de savoir quand fixer une frontière entre votre santé et votre travail, car le déclin de votre santé est graduel. Accepter que le stress s’installe, de perdre le sommeil, et passer la journée assis sans pouvoir pratiquer une activité physique y contribuent tous. Et bien avant que vous le réalisiez, vous frottez votre dos douloureux d’une main et vos yeux de zombie de l’autre, tout en regardant votre bedaine nouvellement acquise.
La clé ici est de ne pas laisser les choses s’immiscer sournoisement, et une manière de le faire est de conserver des habitudes quotidiennes. Manger hors du bureau, prendre le temps de marcher après avoir mangé, ne pas travailler pendant ses jours de repos, prendre vos congés, prendre vos congés au moment où vous avez planifié de le faire… Décidez d’un plan et tenez-vous y coûte que coûte. Si vous ne le faites pas, vous autorisez votre travail à mettre un pied hors de ses frontières.
Votre famille. Très facile de laisser sa famille souffrir et être victime de votre travail. Beaucoup d’entre nous laissons toutefois cela arriver car nous voyons en notre emploi le moyen de maintenir le niveau de vie de notre famille et le moyen de maintenir notre famille. Et nous nous disons « Je dois le faire pour nous payer les vacances dont on rêve », « C’est pour l’avenir des enfants » ou « Les enfants pourront avoir un patrimoine sans trop s’endetter ». Bien que ces pensées soient pleines de bonnes intentions, elles représentent une dette bien plus lourde pour votre famille : le manque de temps de qualité passé avec vous. Une fois sur votre lit de mort, ce n’est pas le montant des économies qui vous viendront à l’esprit, et vos enfants ou votre partenaire ne pleureront pas cet argent, mais vous. Vous vous rappellerez tous les moments construits ensemble.
Votre équilibre mental. Nous avons tous nos propres limites, et nous n’avons pas à nous en justifier à notre employeur. Un emploi qui compromet ne serait-ce qu’une infime partie de votre équilibre ne sera jamais assez bien payé. Votre équilibre est un point que votre employeur aura forcément du mal à jauger. C’est à vous qu’il revient de le surveiller et de fixer les limites afin de garder votre mental en bonne santé. Et c’est très souvent votre vie en dehors du travail qui vous apporte cet équilibre. Quand vous avez déjà fourni une bonne journée (ou semaine) de travail et que votre boss vous en demande plus, ce que vous avez de plus productif à faire c’est dire non et aller profiter de votre famille, amis et hobbies. C’est ainsi que vous reviendrez au bureau frais et destressé. Vous pouvez certainement faire des heures en plus mais il est très important de savoir dire non à votre boss quand vous avez besoin de temps pour vous, loin du boulot.
Votre identité. Le travail est une part de notre identité mais c’est très dangereux de laisser notre travail devenir toute notre identité. Vous savez que vous avez laissé les choses aller trop loin quand vous réfléchissez à ce qui est important pour vous, et réalisez que tout (ou presque) ce qui vous vient à l’esprit tourne autour de votre travail. Plus rien d’autre (ou presque) n’a d’importance. Une identité qui existe en dehors du travail va au-delà du fait de s’amuser. Cela vous aide à évacuer le stress, à grandir en tant que personne, et à éviter le burn-out.
Vos relations. Vous devez à votre employeur votre maximum mais certainement pas les relations que vous avez développées pendant la poursuite de votre carrière. Ces relations sont les résultats de vos efforts et de votre travail et peut-être en faites-vous profiter votre entreprise, mais elles vous appartiennent.
Votre intégrité. Devoir sacrifier votre intégrité vous causera une énorme surcharge de stress. Dès que vous constatez que vos actes et vos valeurs ne sont plus alignés, il est grand temps de faire savoir à votre employeur que vous ne souhaitez plus faire les choses de telle ou telle façon. Et si cela représente un problème majeur pour elle ou lui, il est peut-être temps de se séparer.
Leader de Valeurs : le bonheur et l’épanouissement dépendent souvent de votre capacité à fixer des frontières efficaces. Une fois chose faite, tout le reste suit naturellement. Et si à la lecture de ces points vous vous dites « Facile à dire, je n’ai pas le choix sinon je perds mon poste » demandez-vous plutôt :
Quelle est la limite infranchissable que je n’accepterai pas ?
Quand dirai-je non ?
Saurai-je dire non alors que j’ai souvent accepté des choses sans dire non ?
Combien vaut ma vie ?
* étude de l’APA
** étude de l’université d’Illinois
Source Dr Travis Bradberry « When Should You Say No To Your Boss ? »